Venezia!!
Un départ à l'aube s'impose pour aller visiter la cité-lagune où Don Juan fit des ravages. 7h30 au taquet à la gare de Bologne, le temps de s'envoyer un café surpuissant en prévision de la journée et de patienter 15 min dans la salle d'attente qui fait office de dortoir pour sdf. Le ciel est plombé mais la chaleur est dans nos coeur, Hannah l'allemande m'accompagne dans mon périple.
2h de train ma foi fort somnolentes, et nous y voici... Sur le pont les wagons avancent, nous offrant par leurs larges fenêtres une vue à couper le souffle. De l'eau, de l'eau, et dans la brume et comme sortant de nulle part des apparitions fantomatiques de bâtiments flottant. Mes jambes me portent presque en courant a la sortie de la gare, pour découvrir égoistement et sans témoin la première vue qui s'offre aux touristes impatients. Le canal, des bateaux, des ponts, une architecture pastelle qui a les pieds dans la flotte jusqu'à la porte d'entrée, accessible uniquement par gondole perso.
Nous nous lançons au milieu de la foule dans le labyrinthe de Venise. Une myriade de petites rues dominées par de hautes maisons, des pavés au sol, et tous les 100 mètres un petit canal qui traverse en long, en large ou en travers la ville, délimitant des pièces de puzzle urbain qui, depuis quelques siècles se tiennent côte à côte par magie.
Soudain, un obstacle : "non mais c'est quoi ce b... y'a de l'eau partout comment on fait pour passer?" Le venitien nous dépasse à l'aise, équipé de ses bottes en caoutchouc tout terrain. D'autres ont une option grands sacs poubelle aux pieds. Même les chiens sont envelopés de combis intégrales waterproof. Et d'un seul coup on comprend que, ah bah oui, y'a une p'tite marrée quand même, ça innonde chaque jour... HEUREUSEMENT les abrutis de touristes ignorants sont rois ici, et on aménage pour eux et leur porte monnaie des passerelles à 50 centimètres du sol dans les zones critiques. Résultat : des cars d'hommes-sushis en file indienne sur ces étroits passages, et les carabinieri qui, postés tous les 10 mètres bien confo dans leurs bottes qui crient : "AVANTI, AVANTIIIIII PER FAVOOOREEEEEEE!". Pas le choix, nous nous insérons dans la masse, et avançons, sans faire de pause car ça pousse derrière, et aucune envie de se retrouver dans la flotte jusqu'aux mollets. Parti pris artistique pour les photos, le fameux "motion blur" ou "flou de mouvement". Et c'est la fouuuuuule qui nous entraiiiiiiine qui nous entraiiiiiiiiiiiine jusqu'à la fameuse place St Marc et sa cathédrale, ses palais, ses terrasses de café innondées où les serveurs s'affairent en costume 3 pièces et bottes.
Un petit tour dans le portique d'entrée de l'église avec ses sols en mosaïque recouverts de 20 centimètres d'eau, nous avançons toujours sur nos passerelles à touristes : AVAAAAAANTIIII, NO FOTOOOOOOS, autant vous dire qu'on n'en profite pas beaucoup.
La pluie tombe telle l'oeuvre d'une vache incontinente depuis 2 heures et elle ne s'arrêtera pas aujourd'hui. Bien callées sous le parapluie, Hannah et moi évitons les flaques et continuons notre périple, nous égarant dans les ruelles magnifiques, prenant en photo chaque gondolier qui passe. Nous rejoignons dans l'après midi le site de la biennale d'architecture au sud de l'ile. Le pavillon français est honteux, mais nous voyons de belles choses. Un petit tour à l'arsenal, site d'expo d'oeuvres plus artistiques.
Il se fait tard, nous attrapons un bateau-bus pour retourner vers la gare, trempées jusqu'aux os et ivres de fatigue. une journée bien dense en somme, mais qui nous a ravies. Une chose est sûre, je retourne à Venise à la première occasion, en espérant que la météo soit plus clémente!
