Noël à l'italienne

Publié le par outofensad.over-blog.com

24/12/2010

Après 5 longues heures de train, je débarque sur le quai de la gare de Formia, petite ville de 30 000 habitants située entre Rome et Naples, au bord de la mer. Marina, partie de Milan dans la matinée, est encore sur la route, c'est donc son frère Domenico qui me récupère. Grâce aux photos vues sur facebook il me reconnait : Chloé? Si. Ciao! Hello! English or italian? Italian is ok? Ok. C'est parti pour un petit tour en voiture afin de me déposer à la maison, la ville est plutôt récente, entièrement reconstruite après la guerre, il ne reste que quelques bâtiments anciens.

La maison de Marina c'est un truc de dingue. Immaginez un immeuble construit spécifiquement pour une famille entière. Leur appart c'est au 2e à droite, mais au 2e en face c'est sa tante, et au 2e à gauche c'est sa grand mère. Au 3e c'est son oncle. Au premier c'est d'autres tantes... Son grand père avait souhaité vivre avec ses 5 enfants, et ils l'ont fait. Ils se sont construit LEUR immeuble. L'immeuble de la tribu, comme on les appelle dans le coin. En bas il y a le resto de son oncle, celui ou l'on dinera le soir, celui ou l'on dine quand la famille se réuni. Et je comprendrai rapidement que dans cette famille, la bouffe, c'est sacré.

D'ailleurs ils m'ont laissé de côté de quoi manger en arrivant : des moules fourrées à je-ne-sais-pas-quoi-mais-c'est-délicieux, du poisson, des frites d'aubergines cuisinées par la tante et/ou la grand mère. D'ailleurs la grand mère passe dire bonjour, tout le monde l'appelle Nonna alors je l'appellerai Nonna aussi, c'est plus sympa. Domenico doit sortir, il me laisse me reposer et prendre une petite douche, quasi interrompue par le débarquement de Nonna à l'improviste qui vient voir si j'ai tout ce qu'il me faut. Arrive ensuite le beau-père de Marina, Fernandino, qui m'emmène avec lui au centre commercial ou il a une course à faire, ce qui me permet de saluer la maman de Marina et sa soeur Paola qui y travaillent.

Marina arrive finalement vers 20h, et nous descendons au resto pour le diner du réveillon. C'est plein de monde, on me présente mais je ne comprend rien aux liens de parenté, il me faudra 3 jours pour débrouiller tout ça! Plusieurs personnes parlent français car une partie de la famille à vécu à Montréal quelques années. On se met à table, et c'est parti.

1. Antipasti : anchois marinés, bigorneaux, oeufs de lympe sur toast, olives cueillies sur les arbres familiaux, petite salade de calamars et moules cuits dans le citron, et j'en oublie...

2. Pasta : Une pate en anneau assez large, avec une sauce fruits de mer, un régal!

3. Gambas : Enoooooormes crevettes en sauce

4. Assiette de calamars et seiche

5. Poisson frit : poissons et "bacala" : boule de morue frite

6. Fromages : genre de parmiggiano et boules de mozzarella toutes brillantes toutes blanches (sans façon pour moi évidemment)

7. Fruits

8. Gateaux

 

Entre le 7 et le 8 on a eu droit à une pause, avec l'arrivée du Babbo Natale chargé de cadeaux pour les enfants et pour les grands! Vu l'ampleur de la famille, des cadeaux il y en avait! Même moi j'y ai eu droit, vraiment adorable. Le mari d'une cousine me fait goûter le limoncello, liqueur napolitaine à base de citron (qui a fait office de trou normand, salvateur).

L'estomac plein à craqué, nous irons nous coucher repus!!

 

 

25/12/2010

Ce midi nous déjeunons chez les grands parents paternels de Marina. Ils ont un appartement avec vue sur la mer, et l'on pourra fumer sa cigarette sur la balcon en pull tellement le soleil est bon. C'est d'ailleurs sur le balcon que j'apprendrai que le grand-père de plus de 90 ans est sur facebook! Sauf que lui il dit pas "faillssebouk", il dit "facheuboque", à l'italienne. Après la guerre il a été déclaré maire de Formia, parceque dans le coin il était quelqu'un. Là encore c'est une joyeuse réunion de cousins, c'est son oncle qui a cuisiné et de nouveau on se fait péter la panse entre les antipasti, les lasagnes, le poisson, etc...

Quand la salade arrive, on me la présente comme la "salade de renforcement", spécialité napolitaine. S'en suit un débat sur le pourquoi du comment de ce nom. Paola n'est pas d'accord, selon elle c'est la salade calabrese. Mais oui, mais non, mais tu crois? Mais ah bon? A la fin nous nous tournons vers la grand-mère, qui met fin à tous ces doutes. CA c'est la salade calabrese, la salade de renforcement c'est autre chose : c'est une salade qui dure toute la durée des fêtes car chaque jour on y rajoute des trucs, on la renforce avec du chou, ou des cornichons, ou des olives, ou du pain... Le débat pourrait se transférer sur d'autres aliments de la table, car ici tout a une origine régionale. 

Nous passons une après midi très sympa, puis quand l'oncle et la tante de Marina partent, les cousins se regardent, et branle bas de combat vers la cuisine, désormais c'est l'heure de la vaisselle. Qui lave? Qui rince? Qui sèche? Qui range? Une joyeuse organisation militaire pour rendre la cuisine impec' aux grands parents, encore un peu de papotage, et nous repartons. 

En rentrant, au 1e étage les clés sont sur la porte chez une tante. Ca veut dire que c'est "open appart", on rentre donc papoter, prendre un thé, et se faire dire l'avenir par la cousine la plus mystique de Marina. Le futur n'a pas de secret pour elle, grâce à son livre sybillin elle répond donc à nos questions. Amour, travail, famille, les réponses sont sous forme de vers énigmatiques ou il est question de temps des roses, de se laisser porter comme sur des skis, de mecène puissant, etc. Heureusement que la sybille est là pour nous décoder tout ça! Elle fait aussi l'horoscope bien sûr, elle me révèle donc que les sagittaires sont des voyageurs car ils aiment le changement. Leur soucis c'est qu'ils s'ennuient vite, et qu'ils sont toujours à la recherche de nouveaux challenges. Dans tous les cas elle est formelle (et ça c'est la 2e fois qu'on me le dit), 2011 C'EST L'ANNEE DES SAGITTAIRES mes amis, tout va nous sourire, préparez vous à un succès global dans tout et pour tout!!!! Et joyeux Noël!

 

Le soir nous sortons retrouver des amis de Marina, et boire un verre à Gaëta la jolie ville voisine à la pointe du golfe. D'ailleurs les formiens ils disent que "la plus belle chose qu'on a à Formia, c'est la vue sur Gaëta"! Ambiance très chouette, un peu comme à Thouars à la période de Noël ou l'on retrouve tous les gens que l'on n'a pas vu depuis longtemps. 

 

26/12/2010

Le 26 en Italie c'est férié aussi. On fête la saint Stefano, et pour la tribu ça veut dire déjeuner au resto pour "il brodo", comprenez le bouillon. Comme ils disent avec humour, c'est sensé purifier le corps après tout ce qu'on a bouffé ces derniers jours. Mais oui bien sûr.

1. Antipasti avec de nouveaux les anchois les bigorneaux les olives maison mais cette fois ci on rajoute de la charcuterie.

2. Le fameux bouillon! Servi avec des pates dedans.

Là tu crois que ça va aller, c'est le dessert, mais non.

3. Viande : tranches de porc en mayonnaise et boeuf mijoté, accompagné de légumes.

Là tu crois que ça va aller, c'est le dessert, mais non.

4. ENCORE DE LA VIANDE! des cotes d'agneau marinées, avec des frites

Là tu crois que ça va aller, c'est le dessert, mais non.

5. V'la-t-y pas qu'on te ramène du poisson frit, oui oui oui!
A ce point là Marina et moi avons abandonné, nous délaissons le dessert et la partie de bingo, et elle m'emmène faire une petite ballade digestive pour me montrer l'ancien port, aujourd'hui spot de pêche, et la plage. Nous passons ensuite saluer son père dans sa maison sur les hauteurs de Formia, car la ville est entourée de colline. Malheureusement la nuit est tombée et je ne peux qu'imaginer la vue sur la mer qui doit être magnifique. Petite visite à une de ses copines (café-gateau, of course), et nous nous échouons dans un pub de Formia pour boire une bière bien méritée. Ce soir à Gaëta c'est "nuit blanche", plusieurs bâtiments sont ouverts, et nous en profitons pour aller visiter en nocturne le musée du diocèse, la crypte de la cathédrale entièrement décorée en marquetterie de MARBRE!!!!! Un truc hallucinant. Puis la chapelle dorée, ou un monsieur nous fait une visite guidée à laquelle je n'ai rien compris car il parlait dans sa moustache, mais à la fin il nous a souhaité la paix sur le monde et tout et tout. C'est d'ailleurs fou de voire qu'un être aussi crispant puisse souhaiter la paix, quand durant toute la visite on a juste envie de lui hurler "MAIS ARTICULE BORDEL!!!!!!!!!!". 

 

27/12/2010

Départ pour Naaaaaaaaaaaples!!!!! Marina connait bien puisqu'elle y a vécu un an. Fortes des recommandations de sa maman le matin : "ne prenez pas beaucoup d'argent, ne mettez pas de bijoux, ne prenez pas de sac, ou alors vous le mettez sous votre manteau",  elle me ballade donc dans les rues animées de la grande ville du Sud. Naples a sa culture propre, sa bouffe propre, sa musique propre, sa langue propre... mais elle est franchement crade. A cause d'histoires mafieuses les poubelles s'accumulent à tous les coins de rue, nourrissant les chats et les chiens du quartier. Ceci dit, c'est quand même une ville chouette. 

Le château construit par un Anjou puis modifié par un Toledo, le magnifique théâtre avec sa loge royal que nous visiterons en catimini tellement on a grillé l'entrée tellement on n'a pas payé de billet, le palais communal, occupé par le roi jusqu'au 19e siècle (aujourd'hui la famille royale est toujours en exil en Suisse), la chartreuse sur les hauteurs, car Naples est aussi située dans un golfe entouré de collines, la vue sur le Vésuve qui sommeille, les églises baroques, les chapelles sublimes, les rues remplies de monde dont LA RUE ou Marina s'est faite braquée au pistolet il y a quelques années, ou cette autre rue ou un de ses amis s'est fait braquer à la seringue de drogué, ou le quartier espagnol ou il ne faut surtout pas mettre les pieds, les ruines grecques et les decumani encore présents dans l'implantation urbaine (il y en a 2, hein, pas 3... Marina a cherché le 3e toute la journée mais bon...), la rue des crèches ou l'on fabrique des santons depuis ouhlala longtemps (faire le geste suivant quand vous le lisez : la main ouverte doigts collés dans le prolongement de l'avant bras, paume face à votre visage et HOP on plie le coude pour envoyer la main par dessus l'épaule, juste une fois), les pizzas dont ils sont si fiers, le café et, attention moment culturel, le baba au rhum.

Car le débat fut le suivant : sont-ce les français qui ont emmené le baba à Naples quand ils regnaient ici, ou les napolitains qui ont appris l'art du baba aux français qui l'ont ramené en France... Et bien j'ai fait la recherche, et VOILA : le baba est POLONAIS figurez vous! C'est à cause du roi Stanislas Lesczczynski (prononcez le comme vous pouvez) alors duc de lorraine qui, édenté, ne pouvait plus manger le kouglof, que l'on a commencé à arroser de vin de Tokay la patisserie pour l'amolir. Un patissier parisien remplacera cet alcool par du rhum. La forme générale rappelant à ce bon vieux Satnislas la forme des robes de grand mère en Pologne, il l'aurait donc appelé baba. Plus tard la patisserie française sera importée à Naples. 

Mais ne le dites pas aux napolitains, ils aiment bien penser que c'est de chez eux et ils sont assez susceptibles.

 

En fin d'après midi Marina rejoint sa famille napolitaine et je vais visiter le musée d'archéologie. J'en sors ravie mais affamée et me dirige donc vers une gargotte pour manger un morceau. Le serveur napolitain me tape la causette pendant 30 minutes, m'expliquant à quel point il a été MALHEUREUX quand il a vécu à Bologne pendant un an car jusqu'au BOUT DES OS il est NAPOLITAIN, et que à Naples on pleure deux fois. Quand on y arrive, et quand on en repart. Je lui ai indiqué que cette réplique du film Benvenuti al Sud avait été traduite littéralement de Bienvenue chez les ch'tis, parceque bon, quand même à un moment donné les napolitains il faut un peu les calmer avec leur fierté. 

 

Je pars rejoindre Marina et rencontre une partie de la famille que je ne connaissais pas encore, ah bah justement ils étaient en train de commander des pizzas, et zou, tous à table!!!

Son oncle archéologue nous expliquera que les moults phallus (phalli?) trouvés sur les objets de Pompeï ne sont pas des symboles de fertilité comme on le croit couramment, mais des chasseurs de mauvais oeil. Car le pouvoir rétractile dudit phallus lui permet de se planquer quand le mauvais sort arrive. Hop! Caché. 

Encore une soirée très chouette avant de reprendre la voiture pour Formia avec son oncle, père, cousins. On finira la soirée en regardant Le Parrain, qui colle bien avec avec le thème de la journée.

 

28/12/2010

C'est le départ, je m'en retourne pour Bologne. Ces quelques jours passés dans l'immense et chaleureuse famille de Marina ont été super, et je remercie tout le monde là bas du très bel accueil que j'ai reçu. 

 

De gros bisous à tous, et des bisous spéciaux vers Formia!!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Chloé Bologne

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J
<br /> C est cool, tu le tiens a jour ton blog...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Eh bien, moi qui me disait "pauvre chloé, elle ne rentre même pas pour noël", je vois que finalement c'était une idée inspirée !<br /> <br /> <br />
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